Christophe Lebreton
moine, martyr et
maître spirituel pour aujourd'hui
C’est le message de ce moine, le plus jeune des 7 moines assassinés à Tibhirine en 1996, que Monseigneur Tessier, archevêque émérite d’Alger qui l’ordonna prêtre, a présenté à 250 personnes, ce vendredi 30 novembre à Cambrai.
Monseigneur Tessier a donné brièvement quelques éléments biographiques de Frère Christophe : Né en 1950 à Blois, septième d’une famille de 12 enfants, il entre à la Trappe en 1974 après des études de droit et découvre l’Algérie lors de son service militaire. Il meurt en martyr, avec six autres religieux de sa communauté de Tibhirine, à l’âge de 45 ans. Enlevés dans la nuit du 26 au 27 mars 1996 par un groupe armé, ils seront tous exécutés le 21 mai.
Le journal de Frère Christophe :
Dès août 1993, jusqu’au 19 mars 1996, soit 8 jours avant son enlèvement, Frère Christophe a, dans son journal, laissé s’exprimer sa prière : «« Il me semble être embauché : à travers les mots passant par moi, relier ce monde à Toi. » A partir de ce journal nous pouvons découvrir sa relation avec ses voisins, sa relation à l’Ecriture, à la communauté, à notre Eglise et à la société algérienne.
Voici quelques extraits que nous a partagés Monseigneur Tessier :
« Regarder au-delà du sarment apparemment sans vie…voir le fruit invisible…ce fruit est pour tous, chrétiens et musulmans »
« L’œuvre de Dieu, c’est le vrai labeur du moine ; j’aime l’accomplir ici, lieu d’adoration vraie», le 2 janvier 1994
« Va, aime ce peuple ; sois là, je t’aime » 1995
Et suite à la question d’un musulman en 1995 : « Est-ce que vous allez nous quitter ? » il écrit : « Cette question vient de Toi et nous tient libres dans cette relation à Toi »
La foi de la communauté catholique en Algérie
Interrogé sur ce qui a soutenu les chrétiens , notamment les communautés religieuses et le clergé menacés pendant toutes ces années de terrorisme, Monseigneur Tessier a répondu « La foi de la communauté »et de citer ces religieuses espagnoles suite à l’assassinat de deux sœurs de leur communauté : « On ne part pas, c’est dans notre quartier qu’on fait signe, c’est là qu’on doit rester ».
19 religieux ont été assassinés à cause de leur foi entre 1994 et 1996. De nombreux musulmans qui leur avaient rendu hommage ont, eux aussi, étaient assassinés. C’est avec beaucoup d’émotion que notre conférencier leur a rendu témoignage avant de rappeler avec conviction notre vocation permanente à la rencontre , au service, à la communion de nos valeurs et de nos cultures avec les musulmans, notre vocation à « être une petite chambre d’amis ouvrant sur l’intérieur qui nous unit » comme l’a écrit Frère Christophe.
Le dialogue inter-religieux
Ce sujet est celui de sa seconde conférence, le 1er décembre. Mais néanmoins, Monseigneur Tessier nous a invités, pour vaincre la crainte de l’Islam que nous pouvons éprouver en France par méconnaissance, à vivre une rencontre avec des personnes pour créer la confiance, d’où peuvent découler l’amitié et le dialogue ; à être suffisamment vrais pour que chacun comprenne que nous ne sommes pas ennemis mais que nous cherchons ensemble le bien commun. Et Monseigneur Garnier d’ajouter : « je suis effrayé, scandalisé, de ce que des baptisés pensent des musulmans »
Merci, Monseigneur, pour ce témoignage bouleversant que vous nous avez permis de partager.