« Ma Maison »
- Les Petites Sœurs des Pauvres d’Escaudœuvres -
L’histoire de cet établissement dédié aujourd’hui aux personnes âgées est issue de la vie de Sainte Jeanne Jugan au service des plus démunis. |
Cette Bretonne née à Cancale le 25 octobre 1792 est la 5èmed’une fratrie de 7. Son père disparait en mer alors qu’elle n’a que 4 ans. Très tôt, par nécessité, la petite Jeanne apprend les travaux ménagers et à garder les bêtes ; sa mère lui enseigne aussi la prière. Plus tard, pour aider sa famille, elle devient employée de cuisine, puis entre comme infirmière à l’hôpital de Saint Servan. Mais au bout de quelques années de service, elle tombe gravement malade. Une personne charitable l’accueille chez elle. Toutes deux vont alors mener une vie commune rythmée par la prière, la messe quotidienne, la visite des pauvres, la catéchèse aux enfants. Mais Jeanne ne se sent pas comblée dans cet univers ; à Saint Servan beaucoup de vieillards sont exposés à toutes sortes de misères et il n’existe aucune structure d’accueil pour les aider. Elle décide de donner sa vie aux personnes âgées et nécessiteuses. En 1842, une petite cellule naît qui prend le nom de « Servantes des Pauvres » et qui choisit Jeanne Jugan pour supérieure. Bientôt, ce sont dix, puis vingt, puis trente pauvres qui sont recueillis pour arriver à quarante en 1843.
Afin de faire vivre ces malheureux Jeanne quête pour obtenir de l’argent, mais aussi des dons en nature : des légumes, des draps usagés, de la laine, des petits matériels d’intendance, etc. Les besoins sont immenses et obligent les sœurs à étendre leurs quêtes de plus en plus loin. Cela va contribuer à faire connaître leur action, et bientôt des maisons sont ouvertes à Dinan, Tours, Paris, Besançon, Nantes, Angers. Sans ressources, Jeanne s’appuie totalement sur la providence…
En mai 1852, l’archevêque de Rennes, où la Maison-Mère des Sœurs est installée, approuve officiellement les statuts de l’œuvre et lui donne pour nom : « Famille des Petites Sœurs des Pauvres ».
Jeanne meurt en 1879 à 86 ans. Ses funérailles ont lieu dans la plus grande simplicité.
Une vie si humble ne pouvait que porter beaucoup de fruits. Au moment de sa mort, l’institut qu’elle avait fondé comprenait, après seulement quarante années d’existence, 2 488 religieuses, 177 maisons dispersées à travers le monde, et accueillait environ 20 000 vieillards.
Jeanne, « signe de la présence de Dieu dans l’histoire » est proclamée « Bienheureuse » par Jean Paul II en 1982, puis canonisée en 2009 par le pape Benoît XVI.
Aujourd’hui Les petites Sœurs des Pauvres comptent près de 4 000 membres pour 73 maisons en France et 245 dans le monde. Elles se consacrent à adoucir la fin de vie des personnes âgées nécessiteuses.
L’histoire de la naissance de « Ma MAISON » à ESCAUDOEUVRES remonte à un peu plus de quinze années avant le décès de Jeanne Jugan. (en voici les grandes lignes extraites d’un ouvrage de Mr Gérard DOMISE)
La propriété de deux hectares et demi qui accueille « Ma Maison » était à l’origine, avant et après la révolution, des terres agricoles. Elles furent achetées en 1844 par Edmond René François DUPONT, maître de pension. Il s’associe avec Jacques Albert SEVREZ, un riche propriétaire de Valenciennes, pour y construire une institution de jeunes filles. Elle fonctionne bien et assure l’éducation religieuse de jeunes filles de la bourgeoisie cambrésienne jusqu’au décès d’Albert Sevrez le 13 mai 1855, puis de son épouse le 15 avril 1857.
Edmond Dupont décide de fermer l’institution et met la propriété en vente en 1859. Elle reste inoccupée jusque 1861, année où Sœur Marie Xavier, née Marie BARA, mère supérieure des petites sœurs de Lille, prend possession des lieux au nom de la congrégation créée par Jeanne Jugan. Elle crée la maison d’Escaudœuvres en 1862.
Cette même année, le fils d’Albert Sevrez, Joseph, alors curé de la paroisse depuis plus de dix ans, décide, avec l’accord de sa sœur, de ne plus vendre l’institution qu’il avait reçu en héritage de ses parents. Il la lègue aux Petites Sœurs des Pauvres.
Dès le début de l’année 1863, les premiers pensionnaires sont accueillis et soignés par des Sœurs venues de Lille.
Le 25 mars 1863, après un réaménagement complet des locaux en asile financé grâce aux dons du maire BELGRAND , L’abbé SEVREZ, accompagné du conseil municipal accueille les quatre premières sœurs désignées pour tenir la nouvelle maison.
Grâce aux dons et à des emprunts, des travaux d’agrandissement sont entrepris : la chapelle est consacrée en 1878 et deux ailes sont construites en 1879 et 1980. A la fin du siècle l’établissement atteint les cent lits. Il vit de dons, de legs et des quêtes que les sœurs assurent dans tout le Cambrésis.
Bien souvent les pensionnaires sont des laissés pour compte de la société, des grabataires dont plus personne ne veut, y compris parfois les enfants.
La vie s’organise et l’asile devient pratiquement autonome. Les pensionnaires les plus jeunes aident les sœurs dans leurs tâches quotidiennes. Les hommes travaillent au jardin, au verger, réparent le mobilier, entretiennent les chevaux. Les femmes participent à la couture, aux tricots, aux lessives, aux travaux en cuisine. Ils sont toujours accompagnés par des sœurs qui s’occupent aussi des plus âgés et des invalides. Les moments de prière rythment les horaires de la journée. Inlassablement, les sœurs aident les patients jusqu’à leur derniers instants.
En 1914 les bâtiments servent d’hôpital. En 1963, un siècle après leur installation dans le Cambrésis, les Petites Sœurs d’Escaudœuvres deviennent « Ma Maison ». Dans les années 70, l’établissement compte environ 150 pensionnaires. Des animations y sont organisées ponctuellement par les municipalités successives et les associations locales.
En juillet 1999, la fermeture administrative est prononcée par le préfet. Malgré les nombreuses protestations, l’établissement qui ne répond plus aux normes de sécurité doit fermer. Les pensionnaires seront relogés dans d’autres établissements.
Mais le découragement n’atteint ni les petites sœurs, ni les bénévoles, ni les nombreux amis de « Ma Maison ». Une association dénommée « Les Amis de Ma Maison » est crée qui se donne pour mission la reconstruction.
Des manifestations sont organisées pour collecter
des fonds, et en 2003, la congrégation obtient le permis de construire qui lancera un énorme chantier de réhabilitation.
Le 26 juin 2004 a lieu la bénédiction de la pierre angulaire et après plus de deux années de travaux, le 9 décembre 2006, c’est la réouverture tant attendue avec l’accueil de treize résidents.
Cent cinquante ans après sa création, l’établissement héberge aujourd’hui 70 pensionnaires. Les différents services sont assurés par une cinquantaine de personnes et de nombreux « amis de Ma Maison » avec dix petites sœurs qui s’attachent à perpétuer
l’œuvre de Jeanne Jugan :
« Rendre les pauvres heureux, c’est tout ! »
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Dominique GUIDEZ
Bénévole- Ma Maison
Escaudoeuvres