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Jubilé 50 ans de J.P. Deffontaine et Louis Francelle, 23/1/12
Je voudrais vous confier trois paroles qui ont été importantes dans ma vie de prêtre et qui le restent.
La première c’est « me voici. »
Le jour de son ordination,
à l’appel de l’évêque, celui qui va devenir prêtre répond « me voici. » Mais nous avons entendu aussi cette parole dans la deuxième lecture dans la bouche de Jésus : « me voici, je suis venu faire ta volonté. » « Me voici », deux petits mots qui résument l’expérience de toute vocation, je crois.
Il y a 57 ans, je m’interrogeais sur mon avenir : être prêtre ? Au cours d’une retraite j’ai eu la réponse. J’ai compris que le Christ m’aimait depuis toujours, c’est lui qui me disait : « me voici, je suis là sur ta route. » Mon petit « me voici » devenait une réponse à un amour qui précéderait toujours le mien. La parole de St Jean « Dieu nous a aimé le premier » devenait parole pour moi.
Depuis 50 ans, dans les moments de joie, de difficultés, d’hésitation, je suis toujours revenu puiser à la source de cet amour. 50 ans de fidélité ? Mais c’est d’abord la fidélité du Christ qui m’aime et qui continuera à me dire « me voici. » Comme j’aimerais transmettre cette confiance à chacun de vous !
La deuxième parole vient du Père DELAPORTE au moment du synode en 1998, c’est
« Un million d’hommes à aimer. »
Cette belle formule que j’aime, résume la mission de l’Eglise de notre diocèse. « Un million d’hommes » c’est la population du diocèse (bien sûr il s’agit d’un million de femmes , d’enfants, d’hommes…) « A aimer » parce que l’Eglise doit manifester l’amour de Dieu pour tous, à la suite de Jésus qui est venu habiter parmi les hommes, « a livré son corps et versé son sang pour chacun et pour la multitude. »
Dans le contexte d’aujourd’hui il me semble utile de rappeler cette parole et ce qu’elle signifie pour la vie de l’Eglise.
Deux réflexions :
La première : Les prêtres ne sont pas seulement au service des chrétiens rassemblés, de ceux qui vont à la messe, mais aussi au service de tous les autres. Avec la diminution du nombre de prêtres il y a un risque de repli vers le cercle des plus proches. Comment garder le souci d’une présence à la vie de la Cité ? aux quartiers éloignés ? à des parties de la population qui grandissent sans avoir entendu parler de Jésus sinon à la télé ?
Cela amène une 2° réflexion : « Un million d’hommes à aimer » c’est l’affaire de tous les baptisés. Jean-Pierre et moi, nous avons eu la chance pendant 50 ans, d’exercer notre ministère avec des laïcs, nous avons grandi tous les deux dans le dynamisme des mouvements d’A.C., comme dans celui du Concile Vatican II qui a insisté sur la place du Peuple de Dieu.
Je crois que dans les années à venir,vous les laïcs, vous inventerez votre manière de continuer la mission, votre présence, votre témoignage de baptisés.
Laïcs, religieux et religieuses, diacres, prêtres, partageons « les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses de « ce million d’hommes à aimer. » Et ensemble « servons la Fraternité. »
« Servons la Fraternité » c’est la troisième parole que je retiens ce matin.
Une confidence : Il y a un an et demi, je voyais approcher mes 75 ans, l’age de la retraite, avec l’envie de me mettre en roue libre ! Mais les évêques de France décident la démarche appelée DIACONIA 2013. Comme on dit maintenant, ça m’a boosté !
De quoi s’agit-il ? Vous en avez entendu parler bien entendu mais ce n’est peut-être pas inutile d’en redire le sens. Diaconia, une démarche sur trois ans pour rappeler à tous les baptisés qu’il n’y a pas de vie chrétienne sans l’amour du prochain, sans le service des frères et d’abord des plus fragiles. Une démarche marquée par un rassemblement à Lourdes en mai 2013 de plus de 10 000 délégués dont 200 du diocèse. Mais cette démarche se prolongera les années suivantes, de mieux en mieux, espérons-le. Notre société a besoin de fraternité.
« Servir la fraternité » n’est-ce pas une belle manière de mettre en œuvre le commandement du Seigneur « aimez-vous les uns les autres ? » Servir la fraternité entre nous et avec tous ceux qui nous entourent, ce million d’hommes à aimer ! N’est-ce pas une belle façon de dire à la suite de Jésus : « me voici ? »
Ça vaut le coup d’en reprendre pour 50 ans !!!
Louis Francelle