La résurrection de Tabitha (Ac 9, 31-42)
Pour représenter la résurrection de la veuve Tabitha, Masolino transforme la ville de Jaffa en Florence de son époque, avec ses hautes maisons et ses bourgeois vêtus de riches étoffes. Le procédé est courant et permet à l’artiste de représenter la société contemporaine et la milieu des commanditaires, tout en donnant à l’épisode biblique une actualité qui traverse les siècles.
Les Actes des apôtres racontent comment Pierre est rappelé à Jaffa, auprès de la défunte. L’action est située dans la chambre haute d’une maison, que Masolino préfère situer de plain pied avec la place pour préserver la cohérence de sa fresque, structurée en frise parfaitement lisible. Comme Giotto l’avait initié quelques décennies plus tôt, l’artiste nous permet de voir l’intérieur de la maison en évidant les murs, travaillant sa perspective pour donner plus de profondeur à l’œuvre.
Tabitha est sur un lit, veillée par d’autres veuves qui ont procédé à la toilette funèbre. Elles présentent à Pierre « les tuniques et les manteaux » que Tabitha confectionnaient avec elles. En effet, elle « était riche des bonnes œuvres et des aumônes qu’elle faisait ».
Pierre, à l’extérieur, contrairement au récit des Actes, se tient droit, bénissant de la main. Il est accompagné par un autre disciple qui le regarde, comme lui-même le faisait avec Jésus : la transmission de la foi commence à peine, mais ne s’arrêtera pas.
Autour de Tabitha presque liée dans son linceul, on trouve en plus des deux veuves, trois hommes dont les gestes expriment la stupeur. La scène semble calquée sur celle de la résurrection de Lazare, où Jésus, debout, hors de l’espace du tombeau, ressuscite son ami par une parole.
C’est ce que fait Pierre : « Tabitha, lève-toi » lui dit-il. « Elle ouvrit les yeux, et, voyant Pierre, elle se redressa et s’assit. » C’est la parole, à nouveau qui redonne vie.
Les Actes insistent sur la portée évangélisatrice des miracles opérés par les apôtres à la suite de Jésus, en imitation de Jésus.
A travers les siècles ils nous invitent à répéter pour nos contemporains les attitudes, les gestes et les paroles du Christ qui peuvent susciter la foi et redonner vie.
Masolino(1383-c.1447) 1423-1426, fresque, 260 x 340 cm, chapelle Brancacci, église Sta Maria del Carmine, Florence.