Homélie de Philppe Moreel

 

Frères et sœurs, chers fiancés,

 

Même si vous n’êtes pas coutumiers de la Parole de Dieu, les mots entendus dans ce passage d’Evangile vous ont certainement fait penser à cet adage populaire : « Moi je suis comme Saint Thomas, je crois ce que je vois. »

 

Eh bien, avez-vous entendu la réponse de Jésus à Thomas. Il lui dit : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu ».

 

Oui, vous l’avez compris, Jésus ne nous demande pas d’avoir une foi infantile, il nous demande cette chose précieuse qui vient du cœur, la confiance. C’est cette confiance qui va éclairer notre regard, c’est elle qui nous permet de voir, non pas avec les yeux de la chair, mais avec les yeux du cœur c’est-à-dire avec ce regard intérieur qui sait discerner le vrai et permet de répondre ce petit mot de 3 lettres : oui à l’appel du Christ qui est présent au cœur de notre cœur. Alors nous comprenons la parole de Jésus : « Heureux ceux qui ne voient pas d’abord avec les yeux du corps mais avec les yeux du cœur » et qui vont pouvoir croire c’est-à-dire faire confiance au Dieu de la vie. C’est avec cette confiance que nous devons vivre notre foi et vous, futurs mariés, c’est avec cette même confiance qu’il vous faut bâtir votre union par le sacrement du mariage.

 

Voir avec les yeux du cœur, c’est être habité par un désir, désir de vérité qui nous donne de reconnaître et d’interpréter les petits signes qui parlent de Dieu et qui jalonnent nos vies et que Dieu ne cesse de mettre sur notre route. Ces signes ne sont pas des preuves, mais, si nous sommes attentifs, nous pourrons les déchiffrer pour y reconnaître une présence. Chers fiancé(e)s, c’est avec les yeux du cœur qu’il vous faut regarder votre bien-aimé(e).

 

La communauté qui vous accueille aujourd’hui dans cette cathédrale a la foi. Oui cette communauté a confiance car par l’Eucharistie que nous allons vivre à cette table, elle sait que la foi chrétienne est une relation d’amour entre Dieu et l’homme. Comme toute relation, elle est toujours réciproque. C’est pourquoi, la foi est en même temps un don de Dieu mais aussi notre adhésion personnelle que nous signifions par un « oui » lors du Credo. C’est ce même petit mot de 3 lettres que vous allez vous dire lors de votre mariage. Il signifiera votre engagement l’un pour l’autre, l’un par l’autre, l’un avec l’autre à respecter les piliers que vous avez découverts durant la préparation au sacrement du mariage et la confiance réciproque que vous mettez dans l’engagement de votre bien-aimé(e) à qui vous allez vous donner.

 

Cependant, nous le savons tous, Nous sommes tous un peu comme saint Thomas. Nous avons tous besoin de preuves d’amour et d’amitié. 

Combien de fois n’entendons-nous pas une femme se plaindre parce que, depuis des années, son mari ne lui a plus dit : « je t’aime » ?

Et nous, les hommes, paraissant si forts et si virils, combien de fois ne regrettons-nous pas qu’il n’y ait pas eu un geste d’amitié ou de gentillesse pendant la journée ?

 

Vous avez beau dire « il ou elle m’aime », vous aurez besoin de petits signes concrets dans cette société d’indifférence où règne l’indifférence et où le corps devient objet de consommation.

Comme Saint Thomas, parfois même vous provoquerez votre partenaire.

Saint Thomas veut mettre son doigt dans les plaies du Christ, là où cela fait le plus mal.

Et nous ? Parfois, avec une cruauté tout enfantine, nous provoquons l’autre pour voir jusqu’où ira sa patience, jusqu’où ira son amour pour nous.

Ne faisons-nous pas parfois des choses de travers. Oh ! Rien de bien grave, mais de petites maladresses pour attirer l’attention de l’autre sur nous, pour lui rappeler que l’on existe.

Ou bien, au contraire, on se lance dans de vifs reproches parce que l’autre ne fait pas assez attention à nous, parce que l’autre n’en fait pas assez pour nous, parce que le foot ou l’ordinateur passe avant nous, parce que la belle-mère passe avant nous. Au quotidien, n’oublions pas qu’avec des mots M.O.T.S. on peut provoquer des maux M.A.U.X

 

Combien de fois, nous, mêmes chrétiens, ne sommes-nous pas révoltés contre Dieu à cause de tous les malheurs sur la terre, à cause d’une catastrophe, d’une grave maladie, de la mort d’un enfant ou d’un divorce, événement toujours douloureux ?  Combien de fois ne sommes-nous pas prêts à traîner Dieu devant un tribunal pour qu’il s’explique, pour qu’il explique pourquoi il y a tant de malheurs sur la terre ?

 

Comme nous tournons le dos à quelqu’un qui nous a blessés, Dieu aurait pu  rayer Thomas de la liste des apôtres et le chasser pour manque de foi et de confiance. Mais Dieu fait les caprices de Thomas : il lui montre ses plaies. Et Dieu subit nos caprices, nos demandes toujours plus urgentes, toujours plus exigeantes alors qu’il est mort sur la croix par amour pour nous, alors qu’il meurt aujourd’hui dans la solitude de personnes âgées ou de grands malades isolés, alors qu’il meurt de tristesse dans notre propre famille, dans notre propre communauté paroissiale parce que plus personne ne lui parle, plus personne ne l’écoute, parce que trop peu de nous viennent le rencontrer, le prier dans nos églises. En ce dimanche de la Divine Miséricorde, rappelons-nous l’immensité de l’amour de Dieu. Faisons lui confiance. Dieu ne veut que notre bonheur.

 

Pauvres humains que nous sommes, avec nos yeux de chair, dans l’Eucharistie, nous ne voyons pas le don d’amour du Ressuscité. Sous le signe d’un peu de pain, que notre coeur nous dise que c’est vraiment la présence du Seigneur et que, en recevant ce pain, nous puissions dire comme Thomas  «Mon Seigneur et mon Dieu !».

Frères et sœurs, oui osons avoir confiance, oui osons croire sans voir. Et vous chers fiancé(e)s, osez vous faire confiance l’un l’autre. N’attendez pas de preuves, ne mettez pas l’autre à l’épreuve car mais cheminez ensemble à petits pas à la lumière de petites choses, ces petits signes qui éclaireront votre vie de couple.

 

Chacun de nous avance sur le chemin de la vie. Ce chemin est parfois difficile et nous perdons parfois confiance. Alors il est prudent de partir avec une trousse de secours. Dans cette trousse, je vous conseille d’y mettre : des lunettes, un élastique, un pansement, un crayon, une gomme, du fil, un sachet de thé ou du café, une croix, un bisou. Voilà ce n’est pas cher et qui peut rapporter beaucoup.

 

Voici le mode d’emploi :

Les lunettes : pour voir et apprécier toutes les qualités de votre bien-aimé(e) mais aussi celles de toutes les personnes qui nous entourent,

Un élastique : pour se rappeler d’être flexible lorsque votre bien-aimé(e) ou les gens ou les événements ne sont pas comme nous l’aurions souhaité,

Un pansement : pour guérir ces sentiments blessés tant les nôtres que ceux des autres,

Un crayon : pour noter tout ce qui nous arrive de beau et de bon chaque jour. Ainsi nous ne l’oublierons pas,

Une gomme : pour se rappeler que chacun de nous commet des erreurs et que nous avons l’occasion de les effacer,

Du fil : pour tisser et avoir des liens avec les personnes qui sont réellement importantes dans notre vie car le quotidien, les médias, l’ordinateur peuvent nous les faire oublier,

Un sachet de thé ou du café : à boire en se relaxant en fin de journée.

Une croix : pour se tourner vers Dieu et se confier, pour lui demander pardon et le remercier de cette journée et le prier.

Un bisou : car tout le monde aime bien recevoir un bisou, un câlin chaque jour

 

Pour conclure et pour vous, chers fiancés, au nom de notre communauté, je me permets de citer notre Saint Père le Pape François, qui s’adressant aux fiancés, leur a dit  :

 « Vivre ensemble est un art, un cheminement patient, beau et fascinant. Cela ne se termine pas une fois que vous vous êtes conquis l’un l’autre… Au contraire, c’est justement à ce moment que ça commence ! Ce cheminement de chaque jour a des règles que l’on peut résumer dans ces trois mots, des mots que j’ai répétés souvent aux familles :

« S'il te plaît / tu permets ? »  C’est une façon gentille de demander d’entrer dans la vie de quelqu’un d’autre, avec respect et attention. Il faut apprendre à demander : je peux faire cela ? Tu aimes bien que nous fassions cela ? que nous éduquions nos enfants comme cela ? 

« Merci ». Il semble que ce soit facile de prononcer ce mot, mais nous savons que ce n’est pas le cas… Pourtant, c’est important ! Nous l’enseignons aux enfants, mais ensuite, nous l’oublions !

 « Pardon ». Dans la vie, nous nous trompons souvent, nous faisons tant d’erreurs. Nous en faisons tous. Mais peut-être qu’ici, il y a des personnes qui n’ont jamais fait d’erreur ? S’il y a quelqu’un, ici, qu’il lève la main ! La Bible dit que le plus juste pèche sept fois par jour. Et donc nous faisons des erreurs… D’où la nécessité d’utiliser ce mot simple : « pardon ».

Je prie pour que chacun de nous puisse croire sans voir.

Je prie pour que chacun de nous utilise le contenu de la trousse de secours et les conseils du Pape François et ce sans modération pour que chacun de nous puisse dire à tous cette magnifique phrase de Jésus :

 

« La paix soit avec vous ! ».

 

Amen !

Article publié par Doyenné cambrai • Publié le Lundi 27 avril 2015 • 2764 visites

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