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Dimanche 19 mars 2017 – 3ème dimanche de Carême
Eucharistie avec bénédiction des fiancés (dernière journée parcours préparation au sacrement du mariage)
Cathédrale Notre Dame de Grâce – CAMBRAI
Evangile de Jésus-Christ selon saint Jean (4, 5‑42)
(Lecture brève : Jn 4, 5-15. 19b-26. 39a. 40-42)
Frères et Sœurs en Christ,
Aujourd’hui, dans notre assemblée, nous vivons la joie d’accueillir quelques 60 fiancés qui se préparent au sacrement du mariage. Ils ont commencé leur parcours de préparation en novembre dernier et le termine aujourd’hui.
Permettez-moi donc de m’adresser d’abord aux jeunes fiancés ainsi qu’aux fiancés expérimentés que sont Sabine et Bruno et Françoise et Jean Claude qui se sont unis par le sacrement du mariage il y a un demi-siècle. Je reviendrai à vous après.
Chers fiancés, pour un certain nombre d’entre vous, vous êtes venus au "puits" pour vous marier.
Le puits avait la forme d’un bureau d’accueil à la maison paroissiale puis ce fut une salle, mais voilà… vous veniez juste demander à vous marier.
Vous êtes venus demander un mariage à l’Église, et sur la margelle du puits, il y avait quelqu’un…
C’était Delphine puis ce fut un des couples accompagnateurs de la préparation au sacrement du mariage. Vous n’avez pas tout de suite reconnu que Jésus était là !
Et puis vous avez rencontré quelqu’un qui vous a demandé quelque chose en retour. Comme la Samaritaine qui va au puits chercher son eau comme tous les jours : et voilà qu’il y a quelqu’un qui lui demande quelque chose qui va perturber un peu sa vie.
« Donne-moi à boire » dit cet inconnu, juif, à cette femme samaritaine ;
Jésus, fatigué par le voyage, n’hésite pas à demander à boire à la femme samaritaine. Cependant, sa soif va bien au-delà de la soif physique : elle est aussi soif de rencontre, soif du désir d’ouvrir un dialogue avec cette femme, en lui offrant aussi la possibilité d’un chemin de conversion intérieure.
Jésus est patient, il respecte la personne qui est devant lui, il se révèle à elle progressivement. Son exemple encourage à chercher une confrontation sereine avec l’autre.
Oui, chers fiancés, pour se comprendre et grandir dans la charité et dans la vérité, sachez qu’il faut s’arrêter, s’accueillir et s’écouter. De cette manière, on commence déjà à expérimenter l’unité du sacrement de mariage.
« Donnez du temps », vous a-t-il été demandé à vous qui venez demander à vous marier.« Donnez-moi du temps ». Pour nous chrétiens de notre diocèse, il nous est demandé « S’il te plaît donner moi un quart d’heure ». Non pas « Donne-moi à boire » mais « Donne-moi du temps, donnez-vous de votre précieux temps de votre agenda, donnez-moi deux dimanches et quatre samedis soirs, pour parler entre vous à partir d’un parcours, donnez-moi du temps ».
A partir de cet Évangile j’émets le souhait que vous découvriez qu’à travers l’Église, dans son aspect très banal, (une assistante et deux paroissiens qui vous accueillent et vous disent comment vous préparer au sacrement du mariage), je voudrais que vous découvriez qu’en fait c’est Jésus qui vous demande quelque chose. Vous venez demander à l’Église, et Jésus vous demande en retour de lui faire cadeau de quelque chose.
C’est comme qui dirait un dialogue de sourds entre la Samaritaine et
Jésus. Et Jésus le sait bien ; il n’est pas dupe. Il sait bien qu’il lui parle à un registre où ne se situe pas la femme. Il sait bien qu’elle est venue chercher son eau à mettre en pots, et qu’il lui parle d’autre chose. Mais c’est le même mot, il lui parle d’eau vive.
Et c’est une sorte de dialogue de sourds comme nous en rencontrons parfois au sein de notre couple, parfois dans la préparation au mariage. Vous qui venez de vous préparer au sacrement du mariage, vous avez reçu des choses, vous avez entendu des paroles, vous vous êtes peut-être parfois dit : « Mais qu’est-ce que qu’ils nous encombrent avec tout ça, c’était simple notre histoire, on voulait juste se marier. Et là on se fait des nœuds au cerveau... »
Oui, il faut du temps pour découvrir le don de Dieu, pour découvrir cette grâce extraordinaire qu’est la Charité de Dieu.
Dans la lecture longue de l’Evangile, un peu plus loin, lorsqu’elle fait la vérité sur sa situation conjugale, la Samaritaine va pouvoir s’ouvrir vraiment à la question de Dieu. Lorsque Jésus va gratter là où ce n’est pas clair dans la vie de cette femme :
« Va chercher ton mari. » — Qu’est-ce que je lui dis…? Je n’ai pas de mari — Tu as raison : tu en as eu cinq et celui avec qui tu vis, ce n’est pas ton mari. Là tu dis vrai Aucun reproche dans la bouche de Jésus, aucune condamnation, juste ces trois mots : « Là tu dis vrai ». Combien de fois, je (nous) critiquons telle ou telle situation conjugale ? Mais Jésus lui ne fait aucun reproche, aucune condamnation il dit « Là tu dis vrai ».
Simplement lorsque je commence à faire la vérité, alors mon cœur s’ouvre vraiment parce que je laisse entrer la lumière. Alors je peux avancer sur la question de la relation à Dieu. Je vous laisse continuer de méditer cet Évangile pour continuer à avancer dans votre chemin vers le sacrement du mariage.
Avec toute l’assemblée ici présente, nous allons prier pour chacun de vous afin que, comme la Samaritaine, vous vous laissiez atteindre par le regard du Christ et que vous puissiez reconnaître vos péchés. Se laisser atteindre par le regard du Christ ... Quel regard ? A plusieurs reprises, l’Évangile nous parle du regard du Christ.
Le regard du Christ, ce n’est pas un regard de dureté, ce n’est pas un regard qui juge ou condamne c’est un regard qui touche le cœur, un regard de miséricorde qui nous permet d’être délivré, un regard qui nous connaît de l’intérieur et ainsi nous permet de baisser nos défenses et de nous laisser voir vraiment tels que nous sommes.
La rencontre avec Jésus transforme la Samaritaine en une missionnaire.
« Tous en mission » telle est notre devise affiche sur les murs de notre cathédrale depuis la semaine missionnaire, initiative de notre doyen et de l’équipe d’animation de la paroisse, et c’est là, frères et sœurs en Christ de cette communauté, que vous devez accueillir tous ces fiancés.
Oui, ayant reçu un don plus grand et plus important que l’eau du puits, la femme laisse là sa cruche (cf. Jn 4, 28) et elle court raconter à ses compatriotes qu’elle a rencontré le Christ (cf. Jn 4, 29).
La rencontre avec Lui lui a rendu le sens et la joie de vivre, et elle sent le désir de le communiquer. Alors frères et sœurs nous aurons l’occasion de communiquer la joie d’être chrétien à la fin de cette Eucharistie. Chrétien joyeux, montre-le !
Autour de nous, aujourd’hui comme chaque jour, nous rencontrons des hommes et des femmes fatigués et assoiffés, qui nous demandent, à nous chrétiens, de leur donner à boire. C’est une demande à laquelle nul ne peut se soustraire.
Dans l’appel à être des disciples missionnaires toutes les composantes de notre doyenné ont un cadre essentiel pour une collaboration plus étroite. Pour pouvoir remplir efficacement une telle tâche, il faut éviter de se renfermer dans ses propres spécificités et particularismes. Il n’y a pas de compétition. Il y a un engagement commun pour annoncer l’Évangile au plus grand nombre donc à tous. Nous sommes tous au service de l’unique et même Évangile !
Vivons dans la confiance, c’est-à-dire être dans la foi et non dans la mé-fiance qui veut dire littéralement « non-foi ». Au cours de cette Eucharistie, à cette table eucharistique, nous allons prendre part au Corps du Christ. Puisse-t-il nous aider à nous convertir pour vivre l’Évangile au quotidien dans nos actes et non seulement en belles paroles. Alors n’hésitons pas allons au puits, allons boire cette mystérieuse eau.
Oh je sais, certains me diront qu’il faut boire un verre de vin rouge par jour, car ça c’est bon pour le coeur. Mais cette mystérieuse eau que propose Jésus à la Samaritaine dans l’Evangile, cette eau qui ne donne plus soif, cette eau qui jaillit au fond de nos cœurs ; cette eau c’est la certitude d’un Amour (avec un grand A). Oui, pour chacun de nous vivant dans le rejet ou vivant seul, en couple, séparé, divorcé, veuf ou veuve, cette eau c’est la certitude qu’on n’est pas seul dans les déserts de nos vies. La certitude que quelqu’un est là pour nous écouter quand on en a besoin.
Ce peut être Dieu, mais c’est aussi les personnes qu’il place sur nos chemins de vie et au travers desquelles il fait passer sa grâce : pour nos jeunes, pour nos fiancés, leurs parrains, marraines, parents, leurs témoins, leurs amis, puis plus tard ce sont les conjoints, enfants, frères, soeurs, collègues, prêtres, diacres, religieuses, moines, que sais-je ?
Quels que soient nos déserts, chers fianchés et amis, nous n’y sommes JAMAIS seuls. Il est là, au coeur de nos déserts, au coeur de nos doutes. Il a de l’eau pour nous. Cette eau est bonne pour le coeur. Ce qu’il y a de beau dans notre coeur, c’est qu’il cache un puits. Et ce puits s’appelle l’Amour.
Et comme Dieu est Amour, ce puits qui donne l’eau au fond de notre coeur s’appelle Dieu. Allons boire cette eau !
Les médecins et le corps médical dans l’assistance me diront qu’il faut aussi faire du sport et manger 5 fruits et légumes par jour.
Je les rassure. Chacun de nous disciples-missionnaires, à l’invitation de notre cher doyen, a remplacé ces 5 fruits et légumes par jour par 5 vitamines :
1 – Servir : le chrétien que je suis s’engage avec un cœur de COMPASSION
2 – Annoncer : le chrétien que je suis fait découvrir l’amour de Jésus à nos fiancés et à tous grâce à l’accueil et l’amitié des chrétiens qui pratiquent l’EVANGELISATION ?
3 – Partager : le chrétien que je suis convertit sa vie en vivant la FRATERNITE
4 – Prier oui prier : le chrétien que je suis fait l’expérience de l’intimité avec le Christ grâce à la prière personnelle ou en couple comme nous l’a dit notre doyen tout à l’heure.
5 – Se former : « La répétition fixe la notion » dit la pédagogie. Le chrétien que je suis approfondit sa foi et sa confiance dans le Christ en se formant. Il existe de multiples formations au sein de notre doyenné. Qui y est inscrit ?
Ce traitement est renouvelable toute la vie et à consommer sans modération !
Ah j’oubliais, il manque l’activité sportive.
Oui vous avez raison mais notre entraînement c’est de vivre en équipe de chrétiens disciples missionnaires et de s’entraîner à se nourrir de la Parole de Dieu, à vivre de l’Eucharistie. S’entraîner, se ressourcer, se nourrir pour être plus forts dans le match de la vie quotidienne qui nous attend, s’entraîner pour être source d’Amour auprès de chacun de nos frères.
Frères et sœurs, chers fiancés, pour conclure, je vous livre cette recette de notre Pape François pour que votre amour dure dans nos couples, dans nos familles :
« Vivre ensemble est un art, un chemin de patience, beau et fascinant qui a des règles qui peuvent se résumer en trois mots que tu as dit, des mots que tu as répété tant de fois à tes proches :
s’il te plaît – ou puis-je – merci et pardon ».
« S’il te plaît »
« C’est une permission affectueuse pour entrer dans la vie de quelqu’un d’autre avec respect et attention. L’amour véritable ne s’impose pas avec dureté et agressivité. Et aujourd’hui, dans nos familles, dans notre monde toujours violent et arrogant, la courtoisie vient à manquer. »
« Merci »
« Ce n’est pas seulement une parole attentive à utiliser avec les étrangers, dans le but d’être bien élevés. Il est nécessaire de savoir dire merci pour avancer ensemble. »
« Pardon »
« Nous savons tous que la famille parfaite n’existe pas, ni le mari parfait, ni même la femme parfaite. Sans parler de la belle-mère parfaite… Nous existons, pécheurs. Jésus, qui nous connaît bien, nous enseigne un secret : ne jamais finir une journée sans se demander pardon, sans que la paix revienne dans notre maison, dans notre famille »
Frères et Sœurs, Chers cinquantenaires, Chers Fiancés, je prie nous prions pour que votre chemin soit dure le plus longtemps possible par le sacrement du mariage.
Il suffit d’aimer. Amen
Philippe MOREEL
Dimanche 19 mars 2017