CHOISIS LA VIE
Il y a 25 ans, Saint Jean-Paul II a désiré que l’Eglise Universelle célèbre tous les 11 février, fête de Notre-Dame de Lourdes, la Journée Mondiale des Malades.
Dans l’ensemble des diocèses français, donc aussi celui de Cambrai, cette journée se décline en un Dimanche de la Santé, qui est l’occasion :
- de rappeler que l’accompagnement des personnes souffrantes est une priorité évangélique, mais aussi
- de sensibiliser chacun à préserver le don de la santé et par là même celui de la Vie.
Le thème de cette année est : « Choisis la Vie ! », « Choisis la Vie ! » et non « choisir la vie », qui sous-entendrait un questionnement, un doute. Mais de quelle vie parlons-nous ? La vie facile, la vraie vie, celle du temps qui passe, ….
Je vous propose tout d’abord de revenir sur les textes de la Parole du jour.
La 1ère lecture est extraite du livre de Ben Sirac le Sage qui vivait au IIème siècle avant Jésus-Christ. Il n'ignore pas le drame du péché ; mais il fait confiance à la Sagesse. Le choix, ici, nous est donné, entre l’eau et le feu, la vie et la mort. Le Seigneur nous laisse libre dans nos choix de vie.
Choisis la Vie ! C’est se mettre dans les pas du Seigneur, c’est se faire temple du Seigneur de la même manière que le Corps du Christ, lors de la communion, est déposé dans les mains disposées de façon à former un sanctuaire sacré.
Saint Paul nous invite également à faire le « choix de Dieu ». La Sagesse est ici révélée par l’Esprit Saint et non par la folle sagesse des hommes qui, dans l’ignorance de celle-ci, a crucifié Jésus Christ.
Jésus, dans l’Evangile qui vient d’être proclamé, nous dit bien que la Loi des anciens a toute sa place et qu’il n’est pas venu pour l’abolir mais au contraire pour l’accomplir. La différence est qu’il transcende cette loi par un message d’Amour.
- « Il a été dit aux anciens … Eh bien ! moi, je vous dis… »
- « Il a été dit aux anciens : Tu ne commettras pas de meurtre et si quelqu’un commet un meurtre, il devra passer en jugement. Eh bien ! moi, je vous dis : Tout homme qui se met en colère contre son frère devra passer en jugement. »
N’avons-nous pas un jour succombé à cette colère envers un proche, un collègue de travail, un voisin, un malade parce qu’il ne prenait pas tel médicament ou ne comprenait pas assez vite telle consigne. Quelle satisfaction en avons-nous tirer ? En sommes-nous sortis grandis ?
Certes la vie n’est pas un long fleuve tranquille. Elle est donnée avec la part d’imprévu inhérente à ce don. Elle est parfois douce et légère et parfois bien rude et déstabilisante. Elle peut aussi apporter son lot d’insatisfactions, de contradictions. Ainsi pouvons-no
us faire nôtres les paroles de ce chant :
Il faut avoir aimé d’une immense tendresse pour savoir à quel point cela fait mal d’aimer parfois.
Il faut avoir pleuré, écrasé de détresses, pour connaître le poids du Pardon.
Il faut avoir connu l’ardente solitude, ces journées sans espoirs et ces nuits sans repos, souvent,
Pour connaître le poids de nos incertitudes, et savoir tout le prix de l’Amour.
Il faut avoir lutté, perdu dans la tempête, en tachant d’oublier la douleur qui revient, toujours,
Il faut avoir connu d’innombrables défaites pour connaître le prix de la Joie.
La joie de vivre ! Choisis la Vie ! c’est en lisant les Évangiles chaque jour que nous prenons un peu plus conscience de l’Amour de Jésus : il a pardonné à Zachée en le regardant dans son arbre et en s'invitant chez lui ; il n'a pas jeté la pierre à la femme adultère, mais il lui a donné la force de poursuivre sa route ; il a pardonné à Pierre qui venait de le trahir ; il a pardonné à ceux qui le faisaient mourir sur la croix. Il a partagé de nombreuses paraboles qui nous disent encore aujourd'hui ce qu'est le véritable amour. Nous connaissons celle de la brebis perdue, celle du fils prodigue, celle des ouvriers de la dernière heure…
Dans quelques instants nous allons professer tous ensemble notre foi et nous dirons tout particulièrement : «... crucifié pour nous, sous Ponce Pilate … », pour nous, … pour moi. Il m’a aimé et s’est livré pour moi. C’était son choix de Vie.
Choisir, c’est renoncer dit-on. Choisir implique de perdre ce qui, a priori, peut sembler attrayant et facile. Choisir la Vie, c’est renoncer à la mort. En effet, lorsque la mort physique n'a pu prendre qu'un corps accidenté, usé, vieilli ou malade, elle ne prend rien d'essentiel. Par contre, si elle s'empare d'une vie dominée par la haine, le mépris ou l’indifférence des autres, la recherche du profit, alors la mort est victorieuse. Elle humilie l'homme et sa liberté ; elle le tue deux fois ; elle prend tout.
Certaines expressions courantes peuvent nous éloigner du vrai sens de la Vie, par exemple, l’expression « profiter de la vie ». Une certaine connotation égoïste, plaisir personnel s’en dégage. N’est-il pas plus juste, plus significatif d’employer l’expression « mettre à profit ». Je mets à profit mon temps, ma vie, pour telle ou telle chose qui, par là même, donne sens à mes choix de Vie. ».
« Choisis la vie », c’est aussi le titre de la pièce de théâtre, écrite par le Père Venceslas Deblock, que les jeunes du diocèse de Cambrai ont jouée avec grand succès durant le festival de la jeunesse à Cracovie en 2016. Cette pièce livre un certain regard de St Jean-Paul II et son fameux :
« N’ayez pas peur ».
Choisir la vie, c’est aussi cela, ne pas chercher à sauver sa vie mais la perdre en mettant nos pas dans ceux de Dieu. Choisir la Vie devient une invitation à mettre en œuvre la miséricorde de Dieu. Choisir de suivre le Christ jusqu’à cette croix qui alors prend sens dans la logique du don de soi. Choisir sa vie ne se réduit pas à prendre la voie de la facilité ou du bonheur immédiat, mais à être témoin de Celui qui est la Résurrection et la Vie.
Alors, oui, n’ayons pas peur.
Mettons-nous en route.
Les grands voyages commencent toujours par un premier pas.