Mercrerdi des Cendres 2016 à la Cathédrale
Il convient de relire les textes proposés pour la messe de ce jour (*bas de page)
« Ambassadeurs du Christ, coopérateurs de Dieu, c’est, dit saint Paul, le moment favorable ! » A vrai dire c’est toujours le moment favorable. Le temps qui nous conduit vers Pâques souligne davantage que la miséricorde, la bienveillance de Dieu, nous est donnée, et comment nous y sommes associées.
Dans les trois domaines que l’évangile nous propose – l’aumône, la prière, le jeune --, Jésus nous invite à la discrétion. Mais la conversion, toujours à faire, est soutenue par les démarches communautaires, par l’entrainement fraternel, vécu avec tous.
« J’ai péché en pensée, en parole, en action, par action et par omission ».
Cette formule si familière doit nous servir. Chacun pourra reprendre ces quatre aspects du péché que nous confessons, à travers les 3 domaines soulignés par l’évangile. Je me propose ici de regarder – un peu vite -- comment la bienveillance peut mieux nous habiter, « en pensée, en parole, par action et par omission ».
Bienveillance en pensée … Chasser l’orgueil et la convoitise, avancer sans calcul malfaisant, à mon avantage, bien sûr ! La bienveillance d’une pensée simple, vraie et modeste à la fois. La bienveillance qui envisage le visage de l’autre dans la clarté heureuse d’une fraternité inusable, nourrie de la présence du Christ.
Bienveillance de la parole… Qui évite commérage et médisance, parole qui ne se laisse pas aller à l’envie de dénigrer. Une parole droite et sincère qui ne dit rien de faux, rien qui salit. Et en suivant les conseils de Saint Jacques (3, 5-10), une parole qui évite les malédictions mais préfère demeurer du côté des bénédictions. Une parole vraie et limpide comme celle de Jésus dont nous aimons nous nourrir.
Bienveillance par action… C’est sans doute le plus visible car il importe que nos gestes et nos entreprises soient en accord avec pensées et paroles. Le champ est immense. Manifester – et pas seulement par l’aumône, indispensable selon l’Evangile - manifester la bienveillance fraternelle du Christ, nous demande une vigilance cordiale et communautaire assez permanente. Que notre action dise tout à la fois notre liberté d’aimer et notre volonté de construire de vraies relations d’humanité, c’est un vrai travail. C’est à faire avec nos proches, dans nos professions et engagements, comme dans nos familles. J’aime cette recommandation de Thérèse d’Avila à ses sœurs : « Ne faites jamais rien qui ne puisse se faire devant tout le monde ». On peut traduire « Faites - selon vos forces et avec la discrétion utile – faites, et ne faites toujours, que ce qui manifeste la bienveillance de Dieu.
Bienveillance par omission… Ou plutôt que nos omissions soient bienveillantes ! Ce n’est pas indifférence calculée, étourderie ou dérobade. C’est plutôt s’abstenir de ce qui blesse la fraternité. Eviter les attitudes de dominations comme les timidités mal venues. Il s’agit ici plutôt de suspendre son jugement jusqu'à plus ample information, pour éviter rancœur ou humiliation de soi-même… ou des autres !
Bienveillance en pensée, en parole, par action et par omission… dans l’aumône, la prière, le jeune. Ce n’est pas du moralisme, c’est plutôt honorer la confiance que le Christ fait à notre humanité. Goûtons le temps favorable, la joie, l’amitié, la beauté, et la bienveillance qui nous sont donnés..
Nous sommes, maintenant, les ambassadeurs du Christ.
Cette homélie doit beaucoup à l’article de Sylvie GERMAIN
« Tout commence aujourd’hui »,
paru dans CHRISTUS - Vouloir la bienveillance - janvier 2016.
Dominique Dewailly
* - 1ère lecture : Livre de Joël (2, 12-18)
- 2ème lecture : 2ème lettre de St Paul Apôtre aux Corinthiens
(5, 20-21. 6, 1-2)
- Evangile selon St Matthieu (6, 1-6. 16-18)