+Père Jacques Hamel Homélie 31 juillet 2016
Relire 18° dim C : Quohélet1,2 ; 2,21-23. Psaume 89(90) Corinthiens 3,1-5, 9-11. Luc 12, 13-21.
« La vie d’une homme ne dépend pas de ce qu’il possède… » Ces propos de Jésus, à la suite de la 1° lecture affirmant que « tout est vanité » peuvent nous paraitre bien pessimistes. Toutes nos entreprises ne sont elles que du vent et nos meilleurs projets des baudruches éphémères ?
Les lectures bibliques proposées aujourd’hui dans toutes les églises du monde donnent quelques repères précieux. Nous y trouvons des éléments utiles pour ajuster nos agendas. Je n’évoque pas ici le détail de nos emplois du temps, mais plutôt ce qui révèle nos priorités et nos buts.
Avant d’aller plus loin reconnaissons que l’urgence des drames récents, justifie largement que nos emplois du temps soient bouleversés. L’indignation face à des crimes odieux est d’autant plus nécessaire que les personnes assassinées sont des citoyens ordinaires qui aiment le vivre ensemble. Le Père Hamel est l’une de ces figures qui ne font pas la une des médias. Il est de la foule des anonymes et des modestes qui font vivre la société et sur qui on peut compter à long terme.
Nous pouvons évaluer leur agenda et le notre, grâce aux quelques repères que les textes bibliques nous ont proposé.
Je n’invente rien !
Le psaume, et particulièrement le dernier verset peut être entendu sans référence religieuse : « Rassasiés d’amour, avec des jours passés dans la joie, dans un travail profitable à chacun », qui ne le souhaite pas ? N’est-pas le but des rendez-vous qui remplissentnos journées, particulièrement dans les responsabilités où le souci du bien commun nous guide ?
Autre repère, que St Paul déduit de la foi en la résurrection :
« Plus de mensonge entre vous, vous avez revêtu l’homme nouveau… il n’y a plus le païen et le juif, le barbare ou le primitif, l’esclave et l’homme libre… en chacun il y a le Christ » à estimer et à honorer. Voilà ce qui guide nos agendas. Certes il est indispensable de manifester notre indignation devant tant de cruauté mortelle et de décider les mesures de sécurité indispensables… Mais si nos agendas ne sont pas orientés en urgence vers la fraternité et le bien commun, nous risquons de nous replier sur ce que nous possédons. Nous faisons alors le jeu des meurtriers fous. Même si nous essayons d’avoir de bonnes réactions ce sont ces fabricants de haine et de mort qui au fond nous gouvernent, par medias interposés !
Le psaume disait aussi : « Apprends nous la vraie mesure ne nos jours ». Qu’au delà de l’émotion légitime, nous trouvions les voies d’un vivre ensemble cordial, toujours à consolider.
Par sa mort, dont nous faisons mémoire, Jésus nous a fait découvrir que les victimes sont le plus souvent innocentes. Et c’est alors l’innocent qui nous réconcilie avec nos frères comme avec Dieu. « La vie d’un homme ne dépend pas de ce qu’il possède » mais c’est ce qu’il donne qui nous fait vivre. Merci de pouvoir en témoigner ensemble, en hommes de bonne volonté. C’est l’espérance du monde.
Dominique Dewailly