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« Heureux ceux qui pleurent, ils seront consolés ! »
Voilà une phrase qui semble se contredire en elle-même : « Heureux ceux qui pleurent… » Car évidemment, il ne s’agit pas dans cette phrase de larmes de joie. Certaines versions de la bible ont préféré traduire par « Heureux les affligés… » et non sans raison. Nous parlons bien de ceux qui pleurent de tristesse, de ceux qui sont endeuillés, de ceux qui ont perdu un être cher, de ceux qui pleurent devant la misère, de ceux qui pleurent sur leur propre misère – qu’ils soient des victimes ou des coupables. Nous parlons bien des larmes amères. Nous parlons des larmes que nous voulons retenir, celles que nous préférerions cacher.
« Heureux, ceux qui pleurent… » Qui pleure et pourquoi ?
Pleurez-vous souvent, mes amis ? Et pourquoi pleurez-vous ? Curieusement, la bible exhorte parfois aux larmes. Des textes de l’ancien testament nous disent qu’il y a plus de sagesse à trouver dans les larmes que les rires :
« Mieux vaut se rendre dans une maison de deuil que dans une maison de festin, car telle est la fin de tout homme, et celui qui est en vie peut ainsi se mettre à réfléchir. Mieux vaut le chagrin que le rire, car malgré un visage triste le cœur peut être content. Le cœur des sages est dans la maison de deuil, et celui des hommes stupides dans la maison de joie. » Ecclésiaste 7.2-4
On pleure parce qu’on a mal
Si je ne pleure pas de joie ou d’émotion, je pleure parce que j’ai mal. J’ai mal dans mon corps ou dans mon cœur ! Quelque soit mon âge, quelque soit ma maturité, ma force, je pleure lorsque j’ai trop mal. Et les affligés de la béatitude sont affligés de douleurs dans leur corps ou dans leur cœurs. Qu’ils soient eux des victimes ou des coupables, qu’ils aspirent à la justice pour eux ou qu’ils aspirent au pardon pour eux, qu’ils soient meurtris dans leur chair ou qu’ils aient eux-mêmes meurtri quelqu’un, qu’ils soient morts ou qu’ils aient tué, ils sont affligés et pleurent.
Tout est question de bonheur et de justice
Et quoi qu’on en dise, toutes ces larmes que nous avons versées et que nous verserons encore, celles qui sont versées dans le secret et les autres qui coulent loin de nos regards et dont nous n’entendrons jamais les sanglots aspirent toutes au bonheur et expriment toutes un malheur.
Et quoi qu’on en pense, tous ces sanglots qui montent vers le ciel avec demande, accusation, question, colère, disent toujours que ce monde manque de justice.
Il y a quelque mois de cela, j’étais témoin de l’enterrement d’un nouveau-né qui n’avait pas vécu trois semaines, et quelques mois avant cela encore, j’étais témoin de l’ enterrement d’un vieux monsieur que l’on disait rassasié de jours. Pourtant dans les deux cas ces morts étaient odieuses, injustes, révoltantes. Partout des larmes et des yeux affligés. Comme toutes les morts que l’on ne désire pas.
Car c’est ainsi avec le péché dans ce monde. Que le péché nous frappe ou que nous le tenions dans nos mains pour frapper, il n’apportera que de la souffrance, de la peine et des larmes. Et pour finir… la mort.
Les larmes de Jésus
Jésus pleura au moins trois fois d’après les évangiles. Face à la mort physique :
Lorsqu’il est venu à la rencontre de Marthe et de Marie, après le décès de Lazare, l’évangile de Jean raconte ceci :
« En la voyant pleurer, elle et les juifs venus avec elle, Jésus fut profondément indigné et bouleversé. Il dit : “Où l’avez-vous mis ?” “Seigneur, lui répondit-on, viens et tu verras” Jésus pleura. » Jean 11.33-35
Jésus n’était pas indigné de leurs larmes, mais il fut indigné par la peine profonde que sème la mort dans le cœur des hommes. Il pleura avec ceux qui pleurent. Face au péché qui frappe l’homme, Dieu n’a aucune indifférence. Si Jésus a pleuré face à nos pleurs cela veut dire que Dieu le Père pleurait aussi à ce moment- là.
Face à la mort spirituelle
Un autre passage nous dit que Jésus a pleuré. Cela s’est passé lorsqu’il est venu à Jérusalem, lui le roi des juifs, celui pour qui ce temple fut construit. Dieu est venu visiter son peuple au moment où Jésus est venu dans le temple de Jérusalem. Voici ce qui se passa :
« Quand il approcha de la ville et qu’il la vit, Jésus pleura sur elle et dit : Si seulement tu avais toi aussi reconnu, aujourd’hui, ce qui peut te donner la paix ! Mais maintenant, cela est caché à tes yeux. Des jours viendront pour toi où tes ennemis t’entoureront d’ouvrages fortifiés, ils ne laisseront pas en toi pierre sur pierre, parce que tu n’as pas reconnu le moment où tu as été visitée. » Luc 19.41-44
Jésus pleura face à l’incrédulité d’Israël. Il pleura face aux cœurs de pierre qui refusent le salut et condamnent les pécheurs à l’enfer éternel – la séparation d’avec lui, d’avec Dieu pour toujours.
Ce faisant, le pécheur refuse toute consolation possible, toute guérison, toute rémission. Car il ne veut pas voir qu’en face de lui se tient celui qui peut lui donner la véritable paix !
Face à sa propre mort
Enfin Jésus pleura une troisième fois, au moment où il priait Dieu son Père dans le jardin de Gethsémani. L’auteur de l’épître aux Hébreux nous le raconte :
« Pendant sa vie terrestre, Christ a présenté avec de grands cris et avec larmes des prières et des supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort, et il a été exaucé à cause de sa piété. » Hébreux 5.7
Face à sa propre mort – à la fois physique sur la croix et spirituelle puisque le Père allait l’abandonner – Jésus a pleuré et son cœur fut saisit d’angoisse au point qu’il en transpira du sang au front.
Y a-t-il une quelconque honte à avoir, de pleurer face à la douleur ? De pleurer face à sa mort ? De pleurer face à la peur de la souffrance ? Jésus nous montre que non, lui qui pleura à l’aube de sa passion.
Pleurer sans honte
Ce que Jésus nous montre par ses larmes c’est qu’il n’y a aucune retenue à avoir lorsque nos yeux voient le péché qui frappe nos proches ou le péché qui emprisonne nos proches ou le péché qui nous frappe nous. Pleurons sans honte car il y a de quoi pleurer. Et ces larmes ne feront que dire notre lucidité.
Les larmes de repentance
À ces larmes de Jésus, s’ajoutent celle que seuls nous pouvons verser. Les larmes de la repentance. L’apôtre Jacques, le frère de Jésus nous y exhorte avec fermeté voire dureté :
« Approchez-vous de Dieu et il s’approchera de vous. Nettoyez vos mains, pécheurs ; purifiez votre cœur, hommes partagés. Ayez conscience de votre misère, soyez dans le deuil et dans les larmes, que votre rire se change en deuil et votre joie en tristesse. » Jacques 4.8-9
C’est ce que le roi David disait déjà lorsqu’il cherchait à être libéré de la honte de son péché : lorsqu’il assassina Uri pour lui prendre sa femme Bethsabée :
« Les sacrifices agréables à Dieu, c’est un esprit brisé. O Dieu, tu ne dédaignes pas un cœur brisé et humilié. » Psaume 51.19
Ne devons-nous plus être en joie ?
Prenons garde toutefois à ne pas croire que notre sainteté se mesure à notre contrition et à notre façon de « ramper devant Dieu ». Ce serait complètement faux. L’apôtre Paul d’ailleurs en parle clairement : il y deux formes de tristesse – une qui vient du diable et une qui vient de Dieu. La première mène à la mort et l’autre à la vie.
« En effet, la tristesse selon Dieu produit un changement d’attitude (ou une repentance) qui conduit au salut et que l’on ne regrette jamais, tandis que la tristesse du monde produit la mort. » 2 Corinthiens 7.10
Ne vous laissez donc jamais écraser, engloutir par la tristesse car celle-ci mène à la mort. La tristesse qui vient de Dieu n’est là que pour mener à une prise de conscience, une repentance, et un changement d’attitude intérieur.
Je parle de la tristesse qui vient de mon propre péché bien entendu.
Dieu n’aspire aucunement à ce que nous pleurions tout le temps. Mais nous ne pouvons pas apprendre qui est Dieu réellement sans prendre conscience du péché qui sévit dans le monde : péché qui tombe sur les miens et sur moi-même ; du péché que les miens et moi-même commettons.
Voir le péché pour voir le Royaume ! Si vous ouvrez les yeux sur le Christ, vous allez ouvrir les yeux sur vous-même et sur le monde.
Avez-vous déjà croisé des vieux routards de la foi chrétienne, des hommes et des femmes qui semblent ne plus rien avoir à prouver, des chrétiens à la fois simples et saints. Si oui, certainement ils vous auront partagé à quel point ils sont des grands pécheurs dépendants de la grâce de Dieu. Et certainement dans votre cœur vous vous êtes dit : « si elle ou lui est un grand pécheur, qu’est- ce que je devrais dire sur moi ? »
Eh oui, le problème avec le péché et la sainteté de Dieu, c’est que plus on grandit dans la connaissance de Dieu plus on voit à quel point le péché est partout et à quel point il nous habite profondément. Alors pour beaucoup, ces vieux routards de la foi sont extrêmes à se repentir pour des pensées qu’ils
ont et que vous ne considérez même pas comme péché, pourtant c’est ce qui va vous arriver à vous aussi en poursuivant une voie de sanctification…
Un seul espoir !
Toujours dans la même idée, ces vieux routards de la foi, semblent désabusés par le monde et le péché. Non pas que le péché n’est plus mal à leurs yeux, mais qu’ils ne sont plus surpris de le voir tout autour d’eux en permanence. Aussi n’aspirent-ils plus qu’à une chose : voir Jésus revenir au plus vite. Ils attendent de moins en moins de cette vie. Non qu’ils soient éternellement tristes et mélancoliques, mais qu’ils ont appris à relativiser les joies qu’offre ce monde et le fait qu’elles soient si éphémères lorsqu’on rêve à propos de l’éternité.
Ces vieux routards de la foi nous montrent que nous ne pouvons pas grandir dans la connaissance de Dieu sans faire le choix résolu de ne vivre que pour attendre le Royaume de Dieu et en parler tout autour de nous.
Le Royaume « d’amour… » nous consolera ! « nous console déjà ici bas ! »
« Heureux ceux qui pleurent car ils seront consolés »
imaginez que Jésus revienne dans cinq minutes. Peut-être vous dites- vous en votre cœur que vous auriez aimé qu’avant son retour vous puissiez faire ceci, ou vivre cela, ou apprendre ceci ou devenir cela.
La consolation de Dieu est parfaite et totale : qu’elle concerne les douleurs et les injustices que vous avez subies, ou les douleurs et les injustices que vous avez causées, ou encore celles dont vous n’avez été que témoin compatissant, pour toutes ces choses, Dieu va donner une consolation parfaite, une réparation parfaite, une restauration parfaite.
Le cœur libre
Vous allez entrer dans le royaume de Dieu avec un cœur complètement libéré de toutes souffrance quelle qu’en soit la nature parce que Dieu va essuyer toutes larmes :
« En effet, l’Agneau qui est au milieu du trône prendra soin d’eux et les conduira aux sources des eaux de la vie, et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux. » Apocalypse 7.17
« Il essuiera toute larme de leurs yeux, la mort ne sera plus et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car ce qui existait avant a disparu.» Apocalypse 21.4
Quand la parole de Dieu nous parle de toutes larmes, il s’agit de toutes les souffrances, les peines, les hontes, les douleurs qui nous habitent.
Dieu ne va pas se contenter de nous frotter l’épaule en nous murmurant : « ça va aller… » non, il va rétablir toute chose dans son droit. Il va parler et dire la vérité, rendre la justice et personne ne contestera sa parole. Si c’est grâce pour le pardon tous diront : « amen » et si c’est la justice pour la condamnation, tous diront : « amen ». Et personne n’osera critiquer, mépriser ou contester la grâce et le pardon et le relèvement qu’il va vous accorder à vous qui croyez en son Fils , non personne ! Car nul ne peut accuser les élus de Dieu !
Ouvrez les yeux, réjouissez-vous et pleurez
Je veux conclure cette béatitude en vous disant qu’en tant que disciple de Jésus, vous ne pouvez pas faire l’autruche et fermer les yeux sur ce qui se passe dans ce monde. Car si vous ne voyez pas l’injustice autour de vous, vous ne la verrez pas dans votre cœur. Si vous ne pleurez pas sur les massacres dans le monde entier, vous ne pleurerez pas sur votre péché non plus.
Mais la bonne nouvelle c’est que chaque péché sur lequel vous pleurerez est un péché qui perd de l’influence et du pouvoir sur vous. Car c’est le Christ qui œuvre en vous par son Esprit et vous montre le monde tel qu’il est. Vous marchez de plus en plus à sa lumière vous qui voyez le péché. Vous êtes de plus en plus affranchis du joug de Satan vous qui prenez conscience de votre misère.
Et je vous le promets, cette libération est la source d’une très grande joie... Elle est un délice avec lequel peu de choses sur cette terre peuvent rivaliser. Car c’est le sens même de la vie.
Toutes ces larmes que vous allez verser vont préparer vos cœurs dans l’attente du jour où Jésus va installer son règne sur terre. Alors nous serons libres à jamais et sans affliction jusqu’à la fin des temps.
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Je vous laisse avec cette exhortation :
« Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel perd sa saveur, avec quoi la lui rendra-t-on ? Il ne sert plus qu’à être jeté dehors et piétiné par les hommes. Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut pas être cachée, et on n’allume pas non plus une lampe pour la mettre sous un seau, mais on la met sur son support et elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison. Que, de la même manière, votre lumière brille devant les hommes afin qu’ils voient votre belle manière d’agir et qu’ainsi ils célèbrent la gloire de votre Père céleste. » Matthieu 5.13-16
Il est notre espérance…
Tous les scandales d’hier, d’aujourd’hui et de demain, qui défigurent notre Eglise, mais aussi notre humanité, auront bel et bien une fin !
Oui, rassurons-nous le mal aura une fin, il sera brûlé dans la fournaise ardente.
En réalité, le mal a déjà perdu ! mais, en attendant la moisson à la fin des âges, il se déchaine, comme pour tirer profit du temps qui lui reste.
Pourtant, à mesure que le diable sème le mauvais (bien plus médiatisé que le reste), le Fils de l’Homme sème le bon, qui lui, est éternel !
Tout le bien fait en secret, loin du tam-tam de nos sociétés, pas toujours à même de le reconnaître, a valeur d’éternité !
Il ne s’efface plus, ne disparaîtra jamais…
Alors, que les justes n’en rougissent pas, mais se réjouissent plutôt de resplendir
comme le soleil dans le Royaume d’amour de leur Père .