Page modifiée le 15 juillet 2015
Le 19 mai 1940, un groupe de jeunes de 12 à 18 ans agonisait ici, à Escaudœuvres, sur le bord du canal.
C’était un groupe d’aspirants missionnaires de l’école apostolique belge de Verviers (près de la frontière allemande).
Le 10 mai, pour fuir les bombardements, ils prirent la route pour Mons afin de se mettre à l’abri, ou plus loin, en France si nécessaire. Mais, très vite cette randonnée pédestre de 180 kms fut engloutie dans le flot des milliers de réfugiés qui fuyaient le pays.
Le 19 mai, à 4 heures du matin, le groupe entrait dans Valenciennes, épuisé et affamé. Le canon résonnait derrière eux, les obus sifflaient au dessus de leur tête pour exploser un peu plus loin devant eux, en ville. Impossible de s’arrêter, il fallait continuer.
Pour les aider, l’armée française met généreusement à leur disposition un camion bâché et 2 chauffeurs militaires pour les conduire à Amiens où ils espéraient trouver un accueil. Hélas, l’invasion ennemie les devançait, et Cambrai était déjà bombardé. Pour éviter la ville, le chauffeur cherchant à quitter la grand-route, s’est fourvoyé sur le chemin menant au canal. Vers 9 heures, ils tombaient sous les assauts d’un avion allemand et les tirs de mitrailleuses ennemies postées sur l’autre rive du canal.
Triste bilan : 15 morts, 14 blessés et 6 rescapés. Personne ne s’en est aperçu. Durant plusieurs heures, ils n’osent bouger du camion et font le mort collés les uns contre les autres. C’est seulement vers 16 heures que cahin-caha, ils se réfugient dans la ferme voisine.
A 20 heures, les Allemands les ont rejoints pour constater avec regrets leur méprise, qu’ils n’étaient que des jeunes étudiants ayant eu l’imprudence de se laisser conduire sous les signes de l’armée française. Durant 2 jours, dans ce lieu isolé, ils ont attendu les premiers secours en vain, et, finalement, ce sont les allemands eux mêmes qui les ont conduits à l’hôpital de Cambrai et se sont chargés d’enterrer les morts.
De nombreux liens d’amitié se sont forgés entre des habitants d’Escaudœuvres et les familles de ces jeunes belges qui fuyaient la guerre. Monsieur Charles Leriche et son épouse furent les artisans d’un projet de monument du souvenir. Une chapelle consacrée à Notre Dame et dédiée à ce terrible drame fut érigée sur les lieux même de la tragédie, en 1945, par l’abbé Roger Guiot (photo) .
Un monument funéraire commun a également été offert pour réunir les jeunes victimes dans l’éternité au cimetière d’Escaudœuvres, rue de Bouchain.
Chaque année y est commémoré le souvenir de ces jeunes victimes.
Pour le 70è anniversaire de cette tragédie, l’un des derniers survivants, Mr Albert DE MEESTER, âgé de 80 ans (sur cette photo) est venu nous dire sa profonde reconnaissance de perpétuer la mémoire de ses jeunes amis disparus si tragiquement.
Toutes les traces de ces événements sont conservées dans les archives de la communauté Jésuite du Sacré-Cœur où il réside à Charleroi et dont l’école de Verviers faisait partie.