Le Christ Sortant du Tombeau
Un sombre charnier s’écoule vers nous, fosse commune terreuse surmontée de lanternes qui n’apportent aucune lumière. Les corps sont si enchevêtrés qu’il nous faut quelques instants pour discerner s’ils sont morts ou vivants. Tombés les uns sur les autres, ces soldats romains, dessinés avec une précision archéologique, sont pourtant bien vivants. Celui de droite nous fait comprendre ce qui s’est passé : un souffle puissant qui les a projetés au sol a ouvert le tombeau scellé qu’ils gardaient.
Le Christ s’élève devant cette porte solennelle, sans toucher le sol. Peint d’une étrange tonalité argentée, la même qui envahit le tombeau peuplé d’anges, Il est la source de la lumière qui effleure les soldats, comme pour leur communiquer sa résurrection.
Frontal, paisible, d’une beauté antique soulignée par le linceul élégamment drapé, le Christ montre les stigmates de sa Passion. Mais les lacérations du fouet sur son corps, les marques des clous sur ses mains et ses pieds, la plaie de son côté n’ont plus la couleur du sang. Elles sont devenues signes glorieux. L’infâmante couronne d’épines est devenue une couronne de lumière. La Passion du Seigneur est entrée dans la gloire divine et se manifeste dans toute sa dimension de Salut.
A Pâques, tout est bouleversé : le tombeau plein de vie s’ouvre sur le ciel et la terre comme morte semble basculer dans la nuit.
A Pâques, le Seigneur nous place devant le choix radical : « je te propose la vie ou la mort, la bénédiction ou la malédiction. Choisis donc la vie ! » (Dt 30, 19)
A Pâques, la vie s’offre à nous, en la personne du Ressuscité. Laissons-le nous relever et nous illuminer pour marcher à sa suite.
Sortie du Tombeau, c. 1886-1894, James Tissot (1836-1902), gravure, 32,5x21,1 cm, Brooklyn Museum, New York