La méditation du samedi 27 février

proposée par Véronique Taquet

 

Veronique Taquet Veronique Taquet  

L’Evangile de ce jour nous bouscule : « Aimez vos ennemis », « soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait ».

Ce n’est pas une option, mais une exigence de Jésus ! Et ces paroles qui concluent le sermon sur la montagne, font écho à d’autre passages. Souvenons-nous du jeune homme riche (Matthieu 19,21) : « Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux. Puis viens, suis-moi ». Ou encore : « mais à l’exemple du Dieu saint qui vous a appelés, devenez saints, vous aussi, dans toute votre conduite, puisqu’il est écrit : Vous serez saints, car moi, je suis Saint »(1Pierre 1, 15-16).

L’exigence du Christ pour la perfection et l’amour inconditionnel du prochain nous paraît au-dessus de nos forces. Il faut dire que notre compréhension spontanée du terme perfection ne nous aide pas car elle inclut l’absence de faute et de faiblesse. Or, nous constatons chaque jour nos limites dans notre capacité à aimer, et a fortiori à aimer nos ennemis. Donner un simple pardon est parfois impossible quand nous avons été véritablement blessés.

Oui, l’amour poussé à la perfection ne peut être que l’œuvre de Dieu en nous. Donc, est sur ce chemin de la perfection celui qui reconnait sa faiblesse et s’en remet à la puissance de Dieu en lui. Aimer son ennemi, c’est aimer avec l’amour que Dieu nous donne, par-delà les rancœurs et le mal subi.

Le frère Luc, moine et médecin de Tibhirine, disait que « les hommes croient qu’il faut d’abord aimer les hommes et ensuite Dieu. Moi aussi j’ai fait cela, mais cela ne mène à rien. Quand au contraire j’ai commencé à aimer Dieu, dans cet amour de Dieu, j’ai trouvé mon prochain. Dans cet amour de Dieu, mes ennemis aussi sont devenus mes amis ».

Cette invitation à être parfait n’exige donc pas d’escalader le sommet d’une haute montagne ! Dans son très beau livre « Le chemin de l’imperfection », André Daigneault nous dit : « L’échelle de la sainteté est à l’envers, elle est tournée vers le bas, elle descend toujours plus profond dans les abîmes du rien et de la petitesse. Nous avions peut-être imaginé la perfection sous les traits d’une progression ou d’une montée, mais cette montée, fruit de notre volonté propre, est justement le contraire de la sainteté chrétienne, car elle pourrait subtilement devenir notre montée. Nous pourrions faussement croire que notre générosité et notre bonne volonté sont capables de nous faire saints et oublier le « sans moi vous ne pouvez rien faire » de Jésus. »

Pour progresser sur ce chemin, nous pouvons prier Marie, car elle est l’exemple même de la perfection de l’amour. Elle a su pardonner et aimer ceux qui tuaient son Fils sous ses yeux ! Demandons-lui de nous accompagner sur ce chemin de l’amour parfait.

Dieu a besoin de nous pour porter son amour, son pardon, sa paix, sa lumière à ceux qui nous entourent. Si notre présence ne change rien, alors, à quoi servons-nous ? Notre Père nous aime, Il attend que nous lui donnions notre faiblesse, notre petitesse pour y déverser sa force, et la puissance de son amour.

Bon Carême à tous !

Article publié par Doyenné cambrai • Publié le Samedi 27 février 2021 - 00h30 • 1594 visites

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