Paul et Barnabé à Lystres (Ac 14, 5-18)
Les Actes des Apôtres racontent comment les disciples répandent l’Evangile dans toutes les grandes villes de l’Empire. Ainsi, Paul et Barnabé parviennent à Lystres, dans l’actuelle Turquie. A la suite de Jésus, ils « annoncent la Bonne Nouvelle » et guérissent un infirme de naissance, représenté portant sa béquille devenue inutile.
Les Actes établissent le parallèle avec les Evangiles : la guérison opérée par Paul et Barnabé repose sur l’écoute de la Parole et la foi de l’infirme. Comme dans les Evangiles, « les foules » réagissent devant ce miracle : les foules de Galilée voulaient faire de Jésus leur roi parce qu’il avait multiplié les pains (cf Jn 6, 15). Devant la guérison de l’infirme, les habitants de Lystres, de tradition païenne, s’écrient : « les dieux se sont faits pareils aux hommes et ils sont descendus chez nous, » et convoquent aussitôt le prêtre de Zeus pour qu’il leur sacrifie un taureau. Le risque traverse les siècles et les cultures : confondre le messager et celui qu’il annonce, la Création et son Créateur, des hommes de chair avec les vaines idoles pétrifiées sur leur haut socle.
Alors que tout est prêt pour le sacrifice : bête accompagnée d’hommes couronnés de feuilles, prêtre, sacrificateur armé de sa hache, vases pour la purification, feu sacré amené en procession et prêt à être ranimé devant les deux apôtres, ceux-ci réagissent. Ils ne veulent pas être mis à l’écart, enfermés dans un temple, comme de vaines idoles. Ils sont de cette humanité qui les enserre et entendent bien le rester. Ils déchirent alors leurs vêtements. L’antique geste de lamentation devient révélation : Paul et Barnabé dévoilent leur corps, leur chair humaine comme le Fils mis à nu.
Revendiquant leur condition humaine et leur mission de disciples, ils témoignent qu’ils ne font que leur devoir, en simples serviteurs, à la suite du Christ (cf Luc 17, 10) Alors, ils peuvent annoncer « le Dieu vivant », maître des temps et de l’histoire que Jésus leur a révélé. Au-delà des statues muettes et des temples illusoires, un ciel nouveau s’ouvre pour les habitants de Lystres.
Michel I Corneille (1603-1664) May de Notre Dame de Paris, 1644, huile sur toile, 340 x260 cm. Arras, musée des Beaux-Arts